Internet : Quelques principes juridiques à
connaître
Didier Frochot
- 27 novembre 2000
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Dissiper un malentendu
Depuis que certains organes
de presse, toujours à la recherche d’effets médiatiques,
ont clamé bien haut qu’il existait un «vide
juridique» concernant ce nouveau et complexe phénomène
qu’est l’Internet, beaucoup de néophytes le croient. On ne saurait
les en blâmer. Les non juristes croient souvent que le droit est
un catalogues de règles, parfois de contraintes qui s’appliquent
bêtement à tel événement ou telle situation,
mais surtout pas à telle autre légèrement différente.
Dans cette logique, tout nouveau phénomène – et Internet
en est un par excellence – aurait donc échappé à ce
ballot de législateur qui s’est encore fait avoir !
Ce mythe du vide juridique
perdure encore, 7 ans après la naissance des sites Web... Nombreux
sont les sites qu'on rencontre et qui sont mis en place au mépris
du plus élémentaire respect de règles de bon sens
(dire qui on est, par exemple, ce qui peut avoir un intérêt
pour des professionnels qui ont pour mission de rechercher des éléments
de validation d'information) Certains webmestres cordialement mis en garde
vous envoient promener en vous déclarant qu'Internet est un espace
de liberté où ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent.
Jusqu'au jour où ils tomberont sur un incident "pour de vrai"...
Abstraction et généralité des
règles de droit
Or rien n’est plus faux. Le
droit – quand il est bien administré – fonctionne selon un
ensemble de grands principes. Il énonce des règles
abstraites et générales qui ont ainsi vocation à s’appliquer
à toutes sortes de situations, même celles non prévues
au moment de la conception de la règle en question.
Le cas du droit de reproduction
Ainsi, ce n’est pas parce que
l’informatique n’était pas très développée
en 1957 que la définition de la reproduction au sens du droit d’auteur
– née à cette date - ne s’appliquerait pas en matière
de document électronique, et aussi – nous y voici – sur Internet.
La loi définit la reproduction comme «la
fixation matérielle de l’œuvre par tous procédés qui
permettent de la communiquer au public d’une manière indirecte»
(article L.122-3 du code
de la propriété intellectuelle). Derrière
ces termes, on peut aussi bien lire «copies papier» que «sauvegarde
sur disquette» ou encore «enregistrement sur le disque du serveur».
Nous ne chercherons pas à
affirmer que le droit a par avance réglé la totalité
des questions posées par l’Internet. Mais un grand nombre de cas
de figure se résolvent déjà par des règles
de droit existantes.
Les difficultés de l’Internet
Comme l’avait très justement
rappelé le Professeur Vivant lors de conférences, les deux
points saillants de l’Internet pour le juriste sont la dématérialisation
et l’internationalité. Nous y ajouterons une réflexion sur
l'évolution du monde de l'Internet.
La transnationalité de l’Internet
Internet est un phénomène
planétaire qui dépasse et traverse allègrement les
frontières. Dès lors la question sera de savoir quelle réglementation
doit s’appliquer lors d’un litige qui met en présence des ressortissants
d’états différents. Sur ces questions, le droit connaît
déjà, depuis que les hommes voyagent, des surpa-règles
qui permettent de déterminer quel droit est applicable. C’est tout
le domaine du droit international privé et ses règles de
solution de conflit.
A cela s’ajoute le choc
des cultures, traduit juridiquement par des systèmes de droit différents
(que se passe-t-il lorsqu’une image d’un site pornographique américain
est consultée par un ressortissant d’Arabie Saoudite ?).
La dématérialisation
Nous sommes en présence
d’une matière consommée bien connue de nos métiers
: l’information. Or, celle-ci présente
elle-même des particularités. L’information peut se transmettre
sans que son détenteur en soit dépossédé. Ainsi
une information peut se dupliquer aux quatre coins de la planète
(si l’on ose dire). Cette même volatilité de la matière
consommée est aussi capable de faire échec aux moyens de
preuve habituels du droit. Il y a là des questions à creuser.
C’est, notamment, ce qui suscite l’intérêt, voire la passion,
des quelques juristes qui se sont lancés dans ces questions aujourd’hui.
Un phénomène glissant ou le choc de
deux logiques
Nous ne trouvons pas d’autre
terme pour décrire l’évolution – nette sous l’angle juridique
– de l’Internet, qui est en fait le glissement
d’un espace ouvert de liberté empreinte persistante des
origines du réseau (un monde de chercheurs et assimilés,
partageant tout et communiquant tout sans souci de patrimonialité)
vers
un espace où les principes de propriété et de droit,
qui fondent tout Etat de droit, reprennent leur
force, parfois de manière absurde. C’est cette caractéristique
d’un monde et d'un phénomène en mutation qui déroute,
encore aujourd'hui. Il faut l’avoir présente à l’esprit pour
bien comprendre qu’à chaque pas dans la réflexion juridique,
on se trouve au confluent de deux mondes, l'un qui clame la liberté
sans contrainte et qui, à notre sens perdurera (ce site en est un
modeste exemple), l’autre qui veut faire valoir ses droits. Les deux mondes
cohabitent sur un même territoire, d’où bien des conflits
déjà constatés.
Bien d’autres questions assez
pointues se posent aujourd’hui à la communauté juridique.
Les textes qui viendront s’ajouter sur ce site et les liens auxquels ils
renvoient permettront d’en donner la mesure.
D.F.
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